Mon ami, quel beau combat ! Hommage à David Servan-Schreiber de Guy Corneau
L’anthropologue Carlos Castaneda raconte que, leur vie durant, les sorciers pratiquent une danse pour la mort. Ainsi, lorsque celle-ci se présente, ils lui disent d’attendre un moment, celui d’exécuter leur rituel et de s’offrir au lieu d’être pris. Pendant 19 ans, tu as pratiqué ta danse pour la mort. Et ta danse a été belle, courageuse, élégante, sans complaisance. Elle a été remplie d’enseignement pour nous tous et toutes qui t’avons suivi à travers tes écrits et tes conférences. Des leçons, j’en ai tirées d’autres plus personnelles en te côtoyant. Jusqu’à la fin j’ai pu constater ton humour et ton moral d’acier, même paralysé et alité, toi d’ordinaire si actif et sportif. Au fond, tu as pratiqué la fin de ta vie comme une sorte de sport extrême. Tu dois déployer tes ailes avec tant de plaisir et de délectation maintenant après cette année intolérable.
Je te salue David, je rends hommage à ta détermination et à ton courage. Ton amitié, ton affabilité, ta connaissance, ton engagement m’ont marqué profondément. Lors de l’une de nos premières rencontres, tu m’as dit que tu portais comme une révolution en toi, et je suis heureux que tu aies pu donner forme à cette révolution. Les soins de santé sont en train de changer en raison de ton oeuvre et de ta foi dans l’association des différents types de médecine.
Merci d’avoir traversé ma vie. J’aurais voulu que tu me concoctes de bons petits plats encore bien longtemps. Bravo à tes frères Édouard, Franklin, Émile, à ta mère, à ta nounou, à tes amis chers, à ta femme, à tes enfants, à tous ceux et celles dont tu as pu ressentir la chaleur amoureuse jusqu’à la fin.
Qu’il est difficile, mon ami, de se dire au revoir une dernière fois !
Allez, vogue dans la lumière maintenant après nous avoir tant éclairé.
Guy Corneau
« On peut se dire au revoir plusieurs fois », de David Servan-Schreiber, éd. Robert Laffont, 160 pages, 14 euros.
Le neuropsychiatre David Servan-Schreiber emporté par le cancer France 24